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dimanche 30 septembre 2012

Chapitre 11 - Réconciliations

CHAPITRE 11




Samedi matin, chez Ethan.
Le 2 mars 2013

J’ouvris péniblement les yeux et les refermais aussitôt pour leur laisser le temps de s’accommoder aux quelques rayons du soleil qui s’étaient immiscés dans la chambre. Ethan, toujours endormi, se trouvait à mes côtés. Après qu’il m’ait réveillé en pleine nuit suite à mon rêve, nous avions discuté un long moment pour, au final, se rendormir l’un à côté de l’autre. Je tournais la tête vers lui et détaillais chaque partie de son visage. "Il est mignon quand il dort". Je secouais la tête pour chasser cette idée et laissais échapper un léger rire. Il était préférable que j’arrête de penser. Ethan ouvrit les yeux doucement et me lança un regard noir. Je l’avais réveillé …

« Désolé, lui soufflai-je en souriant discrètement. »

Il ne répondit pas, se contentant de me regarder. Je me rapprochais de lui et collais ma tête contre son torse. Quant à lui, il passa son bras autour de mes épaules et me serra contre lui. Nous sommes restés ainsi de longues minutes jusqu'à ce qu’Ethan se détache en douceur pour se lever du lit en tirant la couverture avec lui. Je poussai un grognement suite à cela, alors que mon corps se mettait à frissonner.

Je me levai à mon tour et fus prise d’un vertige violent. Alors que j’allais tomber au sol, Ethan me rattrapa et m’aida à m’asseoir sur le lit. C’était bien la première fois que cela m’arrivait et je dois avouer que c’était plutôt effrayant. Ma vue s’était tout à coup brouillée et mes jambes, ne supportant plus mon poids, s’étaient pliées et m’avaient fait perdre tout équilibre.
Alors qu’Ethan vérifiait si j’allais bien, mes pensées allaient et venaient et je réfléchissais à propos de mon rêve. J’avais tout de suite deviné que j’étais la personne dont cette femme parlait. Si Elena était la seule à décider de son retour, je devais tout faire pour la convaincre de revenir. 

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Quelques heures plus tard.

Ethan n’avait pas cédé et m’avait ramené chez moi pour que je puisse affronter mes parents. Une fois entrée, je restais longuement près de la porte laissant mes parents me détailler du regard. Ma mère portait un tablier ce qui voulait dire qu’elle était entrain de préparer le déjeuner. Elle était habillée simplement comme à son habitude, portant un pull en laine marron et un pantalon foncé. Ma mère n’avait jamais eu le moindre gout pour la mode, préférant suivre son propre style en mettant de vieux habits dans lesquels elle se sentait plus à l’aise. Ses cheveux clairs étaient remontés au-dessus de sa tête pour former un chignon mal fait. C’était également le genre de femme qui vivait pour son travail, lorsqu’elle travaillait encore bien sûr. Elle tenait une agence de voyage, la seule présente ici à Salem et était souvent en déplacement de partout dans le monde. Paris, Rome, Londres, Los Angeles, Tokyo et beaucoup d’autres villes plus ou moins connues. Son travail consistait, en plus de vendre des billets d’avion, à guider les clients dans leur recherche d’hôtel, restaurant etc. Voilà la raison de ses absences répétées. Mon père lui avait été plus présent que ma mère mais pas comme je l’aurais voulu. Etant chirurgien, il avait cette obligation de partir dès que l’on avait besoin de lui. Je me suis toujours demandé comment ont-ils fait pour rester ensemble autant de temps puisqu’ils ne se voyaient pas souvent. Elena m’avait un jour soufflé l’idée que, paradoxalement, la distance les rapprochait car après avoir passé plusieurs jours loin l’un de l’autre, les retrouvailles n’en étaient que meilleures. Je n’ai jamais compris cette idée. Je m’étais toujours sentie délaissée, comme si j’avais été de trop dans leur vie. 

Mon père s’avança vers moi d’un pas lent, comme s’il hésitait à s’approcher. Arrivé à ma hauteur il se stoppa un instant et me regarda droit dans les yeux. Je pouvais y déceler de la tristesse ainsi que du regret. Je me sentais tout de même coupable, pensant à ma réaction de la veille. Même si je leur en voulais, je n’avais pas toujours été très douce avec eux. Alors que je pensais que mon père allait retourner à sa place, il me prit dans ses bras, geste qui me désarma. Je ne me souvenais même plus de la dernière fois où nous nous sommes enlacés comme ça. Je ne pus m’empêcher de laisser échapper quelques larmes, touchée par la situation. Ce contact me rassura, j’avais comme l’impression que mon père serait, désormais, là pour me protéger. 

Je mis fin la première à notre étreinte, bien décidée à arranger les choses. Nous nous sommes donc dirigés vers le salon et nous sommes assis à table. Ma mère nous avait rejoint en silence. Ils attendaient sans doute que je fasse le premier pas car le silence régnait dans la pièce. Je pris une grande inspiration et me lançai.

« Je suis désolée si j’ai mal agit avec vous. Si j’ai réagi comme ça c’est parce que vous me manquiez. Depuis toujours, depuis que tu –je désignai ma mère- a commencé à travailler dans cette agence et à me laisser, à nous laisser seuls des jours entiers. Tu n’as jamais été présente pour moi dans les plus grands moments. Comme quand j’ai réussi mes examens l’année dernière, tu étais dans un avion à des milliers de kilomètres d’ici. Et qu’est-ce que j’ai eu en retour ? Un message me disant « Félicitations ma fille, j’étais sûre que tu y arriverais ». J’ai tout fait pour que tu puisses être fière de moi, pour que tu me remarques un peu. Mais rien n’a fonctionné. Et toi papa –je le fixai- même si tu étais un peu plus présent, tu m’as trop souvent délaissée. Et à partir du moment où vous avez arrêté de travailler, juste après que j’ai terminé le lycée, j’étais contente. Au fond de moi je me disais qu’on pourrait rattraper tout ce temps perdu. Et bien non, puisque quelques mois après vous m’avez annoncé que vous vouliez déménager et partir en Floride. Vous allez surement me dire que vous m’aviez dit de venir avec vous mais je ne pouvais tout simplement pas partir comme ça, en un claquement de doigt. Ma vie est ici, mes amis sont ici –il y eu un silence- mon école. Tout. J’ai tout ici. Sauf vous. »

Un long silence suivit mon discours et je baissai la tête. Des souvenirs du jour de leur départ me revinrent en tête. Les vacances d’été venaient tout juste de commencer, nous nous étions levés tôt, enfin mes parents surtout puisque moi je n’avais tout simplement pas fermé l’œil de la nuit, malgré le fait que je sois épuisée par mes pleurs incessants. Le fait que mes parents partent si loin m’avait fait énormément de peine mais m’avait également terrifié. L’idée de me retrouver seule et de devoir m’assumer, de devoir agir comme une adulte m’effrayait. J’avais eu l’impression qu’on me forçait à grandir d’un coup. Comme si on me privait des quelques années de jeunesse qui me restait à vivre. Après avoir essuyé mes larmes et m’être préparée, nous étions partis. Mes parents n’avaient rien remarqué, ce qui était préférable pour moi. Je ne voulais pas leur montrer ma tristesse, je voulais rester forte. Ethan et Elena étaient venus avec nous, sois disant pour dire au revoir à mes parents. Ils étaient surtout là pour moi, pour ne pas que je sois seule après leur départ, pour me changer les idées. Dans la voiture le silence était roi. Elena, qui avait toujours quelque chose à dire, était pour une fois silencieuse et me tenait la main en signe de soutien. Chacun de nous semblait réfléchir, c’était mon cas. Je pensais au futur, à leur absence constante désormais car même s’ils n’avaient pas été tous les jours présents, je savais qu’ils finiraient par rentrer à la maison. Cette fois-ci, ils ne rentreraient plus. 

Ma mère se racla la gorge, ce qui me fit sortir de mes pensées. Elle passa une main sur son visage et effaça les petites larmes qui restaient bloqués au coin de ses yeux. Elle tourna la tête vers mon père et le contempla quelques seconde pour finalement poser son regard sur moi. 

« Je ne m’étais pas rendue compte de tout cela Jade. Il est peut-être trop tard maintenant, mais je tiens quand même à m’excuser d’avoir été si absente dans ta vie, prononça-t-elle la voix cassée. »

Elle se leva de sa place et se plaça devant moi. Je me levai à mon tour pour lui faire face. Ma mère se jeta dans mes bras en pleurant me chuchotant à l’oreille qu’elle était désolée. Il était peut-être temps d’enterrer la hache de guerre et d’oublier le passé. Moi qui, d’habitude, étais plutôt rancunière allais laisser courir pour cette fois. Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’une étrangère non plus, ça reste tout de même ma mère. Je resserrai mon étreinte autour de ses ferles épaules pour lui montrer que j’acceptais ses excuses. 

J’aurais aimé qu’Elena soit là, pour qu’elle puisse être fière de moi. Elle m’avait toujours poussé à faire le premier pas envers mes parents et surtout envers ma mère. Elle me répétait souvent « Jade, on a qu’une mère ». Le type de phrase qui vous met mal à l’aise lorsque vous savez qu’elle a perdu la sienne quelques années plus tôt.

Mes parents partaient le lendemain matin, c’est donc pour cette raison que ma mère avait décidé d’organiser un repas chez moi, en compagnie de Darla. Celle-ci avait immédiatement accepté, déjà triste à l’idée que mes parents doivent repartir si tôt. Je dois avouer que je l’étais aussi un peu, même si je ne le montrais pas tellement. Mais j’étais également soulagée car mes recherches concernant Elena allaient pouvoir avancer. 

« Dis Jade, pourquoi ne dirais-tu pas à Ethan de venir ? me proposa ma mère avec un regard rempli de sous-entendus.
- Je sais ce que signifie ce regard et je tiens à te préciser que tu te trompes. Il ne se passe rien entre lui et moi. »

Celle-ci pouffa de rire un instant avant de se concentrer sur sa recette. Mon père, quant à lui, était sorti faire quelques courses pour ce soir. J’en profitais pour m’éclipser dans ma chambre afin de passer un coup de fil à mon ami. Je m’emparai de mon portable et composai le numéro d’Ethan de tête. Ayant tellement l’habitude de l’appeler, lui et Elena, j’avais finis par connaître leur numéro par cœur. Ethan décrocha au bout de deux bips.   

« Jade ne me dis pas que tu t’es encore disputée avec eux ? Souffla Ethan à l’autre bout du fil.
- Pour une fois, non. Je ne t’appelle pas pour ça en fait. Vu qu’ils partent demain, ma mère fait une sorte de dîner d’au revoir ce soir. Elle m’a demandé de te proposer de venir. Darla sera là aussi.
- Tu veux dire que ça s’est arrangé ? 
- En quelques sortes, viens ce soir et je t’expliquerai.
- Quelle heure ?
- Quand tu veux. En fait, non, viens tôt, je m’ennuie. »

Ethan ria, accepta mon invitation puis raccrocha. Nous allons pouvoir en profiter pour planifier notre rencontre avec Jenna Putnam. Après tout, il avait promis de me mener la voir. Je devais juste trouver son adresse. Je savais déjà qu’elle habitait Salem. Etant une petite ville, j’allais facilement la trouver. Je m’installai devant mon ordinateur. Le temps que celui-ci s’allume, je me levai pour attraper une feuille et un stylo pour noter tous les détails que je pourrai trouver. Je n’aurais pas dû me lever, je fus à nouveau prise d’un soudain vertige comme quelques heures plus tôt et tombai cette fois-ci allongée sur le sol, n’ayant personne pour me rattraper. Le bruit sourd de ma chute avait semblé alarmer ma mère car celle-ci rentra en trombe dans ma chambre et me trouva au sol, la tête dans les mains.

« Jade, tu vas bien ?! S’inquiéta-t-elle en se mettant à genoux pour être à ma hauteur.
- Oui oui ça va, j’ai juste la tête qui tourne un peu. Beaucoup en fait, avouais-je.
- Ça t’arrive souvent ? Tu veux que j’appelle un médecin ? Tu veux boire un coup peut-être ? 
- Maman, arrête, ça va aller. C’est la deuxième fois depuis ce matin, ça va passer. Il faut juste attendre un moment. »
Ma mère ne semblait pas rassurée et je dus la convaincre plusieurs minutes de ne pas appeler un médecin. Elle m’avait apporté un verre d’eau fraîche et m’avait forcé à m’allonger quelques minutes. Mes recherches attendront. Je fermai les yeux.

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Une voiture ? Pourquoi étais-je dans une voiture ? Nous étions trois. Le conducteur avait une attitude bizarre. Il était jeune, et même si je ne voyais pas bien son visage, je pouvais deviner qu’il n’était pas dans son état normal. Était il soul ? J’essayais de parler mais aucun son ne sortait de ma bouche. Une autre personne se trouvait dans la voiture, côté passager cette fois-ci. J’essayais de voir son visage mais son corps n’étais pas bien orienté, je ne voyais que des ombres noires à la place. Cette personne donnait des instructions au conducteur. Je ne savais pas où nous étions et je dois avouer que je commençais à avoir peur. J’essayais de toucher le conducteur afin qu’il remarque ma présente car aucun des deux ne semblait m’avoir vue. Je m’avançais vers son siège et posais ma main sur son épaule mais celui-ci ne se retourna pas. Il ne semblait pas sentir le contact ma main. Je me remettais à ma place et m’enfonçais au fond de mon siège. Je tournais la tête afin de regarder l’extérieur. A présent, je reconnaissais l’endroit. Nous étions en plein centre-ville de Salem. Je pu le remarquer grâce à la petite librairie où Elena et moi avions l’habitude de nous rendre chaque semaine dès la sortie de son magazine people préféré. 

« Fonce » ordonna la personne assise devant moi.

Cela me sortit de mes pensées et je tournai la tête afin de regarder la route. Au loin, j’aperçue une femme traversant la chaussée. Le conducteur ne semblait pas vouloir ralentir. Soudain mon regard se baissa sur le tableau de bord et je lus la date « 24 février 2011 ». Non, ça ne pouvait pas être vrai … 
J’hurlais au conducteur de s’arrêter mais une fois de plus, aucun son ne sortait. 

« Accélère.
- Je vais la renverser.
- Accélère. »

Le conducteur lança un regard à sa droite et il fut comme hypnotisé. Il accéléra comme le lui avait indiqué la personne se trouvant dans la voiture. Et comme prévu, il renversa la femme se trouvant devant lui. 

Le 24 février 2011, le jour de la mort de Laureen Jones. La mère d’Elena.

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Je me relevai, mon front dégoulinant de sueur. Des larmes s’étaient échappées de mes yeux et je m’empressai de les essuyer. Je venais de vivre la scène exacte de la mort de Laureen. Pourquoi avais-je rêvé de ça ? Elena avait-elle contrôlé ce rêve ? Non, elle aurait été présente avec moi dans la voiture si ça avait été le cas. 

Les vibrations de mon portable me sortirent de mes pensées. Je m’emparai de celui-ci pour y découvrir un message d’Ethan me disant qu’il était en chemin. Je me levai en vitesse et me précipitai dans la salle de bain afin de prendre une bonne douche. 

Je sorti de la salle de bain quelques minutes après, ne voulant pas m’éterniser pour ne pas faire attendre Ethan. Ma mère continuait de cuisiner avec l’aide de mon père. Je m’approchai d’eux et proposai mon aide que ma mère refusa, prétextant que je devais me reposer suite à ma chute de quelques heures plus tôt. 

« Jade, tu te sens bien ? Tu es toute pâle, s’exclama mon père. »

Je mentis en prétextant que je n’étais pas bien réveillée de ma sieste. Il ne posa pas de question, ce qui me soulagea. Je n’allais pas non plus leur raconter ce rêve horrible, je me demandais même si je devais le raconter à Ethan… Je me sentais coupable du fait que j’avais rien pu faire pour éviter cet accident. Même si ce n’était qu’un rêve, je ne pouvais m’empêcher de culpabiliser. 

Le bruit d'une porte qui se ferme me sortit de mes pensées. Je n’avais même pas entendu que quelqu’un tapait. Ethan était enfin arrivé. Je me levai et me dirigeai vers lui d’un pas pressé et lui pris la main afin de l’attirer jusqu’à ma chambre. Ce geste pouvait paraître bizarre, je pu constater au passage le regard amusé de ma mère, mais j’avais vraiment besoin de lui parler. Arrivés dans ma chambre, mon ami s’installa sur le bord de mon lit tandis que je restai debout, ne tenant pas en place. 

« Je vais vraiment devenir folle Ethan. Je n’en peux plus de ces rêves tout autant bizarre et effrayant les uns que les autres. La nuit dernière je vois Elena qui se fait menacer par je ne sais qui et là, tout à l’heure, alors que j’ai encore eu ce genre de malaise, je m’endors et je me retrouve dans une voiture avec deux inconnus. Enfin inconnus, le conducteur je sais qui c’est maintenant puisque nous c'est lui qui a renversé la mère d’Elena. Je commence à en …
- Attends attends Jadey, calmes toi, vous avez quoi ? Me coupa Ethan.
- Oui tu as très bien entendu. J’avais beau crier, hurler, aucun son ne sortait. C’est comme si j’étais morte et que mon esprit vivait la scène à ma place. Je n’en peux plus Ethan. 
- Ça va bien finir par s’arranger –Il me tira contre lui, me forçant à m’asseoir à ses côtés- J’ai une surprise pour toi.
- Je n’aime pas les surprises.
- Celle-là tu vas l’aimer –Il tira un papier de sa poche- L’adresse du domicile de Jenna Putnam et l’adresse de son lieu de travail. »

Lorsqu’Ethan me tendis le papier, j’ouvris les yeux en grand et lui sautai au cou pour le remercier. Ce n’était peut-être qu’un bout de papier mais cela signifiait une chose importante … Je savais à l’avance où nous allions passer notre lundi soir.      


    

1 commentaire:

  1. coucou
    merci, ton article est à jour
    j'espère que tu as passé un bon week end

    passe une bonne soirée
    bisous

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