CHAPITRE 4
« Bonjour, je voudrai un café bien noir s’il vous plait.
- Très bien, ça vous fera 1,5$.»
Le jeune homme me tendit la monnaie et s’installa à une table près de la fenêtre. Après avoir mis son paiement dans la caisse je me précipitai pour mettre la machine à café en marche. 10H00. Peu de monde se trouvait dans le café à cette heure-ci, la plupart des clients étaient déjà au travail ou en chemin.
Ce garçon me disait quelque chose, je l’avais déjà aperçu ici. Une fois le café prêt, je me dirigeai vers sa table et y déposais la tasse. Il leva la tête vers moi et je pu voir qu'il portait un badge autour du cou. Voilà pourquoi son visage me disait tellement quelque chose.
« Oh, vous êtes étudiant à l’Ecole de Ballet de Salem ? Lui demandai-je avec un sourire éclatant.
- Oui c’est exact, me répondit-il avec un sourire timide. Vous y êtes aussi ?
- Non, mais j’ai prévu de m’y inscrire l’année prochaine, j’attends juste d’avoir réuni assez d’argent. Est-ce aussi bien que ce m'ont dit certains élèves ? Lui demandai-je d'un air émerveillé.
- C’est juste … génial ! J’espère vraiment que vous pourriez l’intégrer car, pour ma part cette école m’a énormément appris.
- Vous êtes en quelle année ? »
Au moment où je finis de poser ma question Darla m’annonça en hurlant qu’Ethan était au téléphone et qu'il souhaitait me parler. Darla et la discrétion … Je m’excusai auprès du jeune homme et me dirigeai vers l’arrière du café pour répondre à l’appel. Darla, quant à elle, me remplaça quelques minutes au comptoir. Je pris le téléphone et commençais à parler avec Ethan.
« T’as réussi à dormir ? Me demanda-t-il.
- Oui, enfin jusqu'à ce que je fasse un rêve assez effrayant. Après ça, plus moyen de me rendormir, dis-je en soupirant.
- Quel genre de rêve ?
- Je te raconterai plus tard, je vais passer chez Alan ce soir, tu n’as qu'à venir chez moi après, lui proposai-je.»
Ethan accepta et mit fin à notre courte conversation. Quant à moi, je repris ma place près de la caisse. Darla restait près de moi et guettait chacun de mes gestes. Depuis que je suis arrivée ce matin, elle a une expression triste sur le visage. Il faut dire qu’elle apprécie beaucoup Elena. Qui peut lui vouloir du mal en même temps ? Elle est tout simplement l’amie parfaite. En plus d’avoir un sens de l’humour inégalable, elle est dotée d’une bonté sans fin. Elle tient ça de sa mère d’ailleurs.
La mère d’Elena était une femme tellement gentille, le genre de mère que tout le monde rêve d’avoir. J’ai gardé de si bon souvenirs d’elle. Comme le jour où, Elena et moi étions rentrées de l’école mouillées de la tête aux pieds et que pour nous réchauffer elle nous avait préparé des chocolats chaud ainsi que des tonnes de couvertures. Ou toutes les nombreuses fois ou elle n’avait pas hésité une seule seconde pour nous mener faire du shopping à l’autre bout de la ville.
Le jour où j’ai appris sa mort, j’ai été sous le choc. Je ne vous parle même pas de l’état dans lequel se trouvait Elena … Un foutu accident de voiture. La cause de cet accident ? Un homme ayant consommé de l’alcool et quelques substances illicites. Le pire dans tout ça, c’est qu'il s’en est sorti, certes pas en bonne santé mais il s’en est sorti, lui. Elena a mis des mois à s’en remettre. Non, en fait elle ne s’en est jamais remis, elle a juste continué à vivre sa vie, cherchant à rendre sa mère fière d’elle.
Le bruit de la porte du café me sorti de mes pensées. Un policier en uniforme portant un paquet de feuille s’approcha de Darla et moi. Lorsque j’ai vu ce qu'il était imprimé sur ces feuilles, j’ai cru m’effondrer. Les battements de mon cœur se sont accélérés, mes mains sont devenues moites et mon visage tout pale. Un avis de recherche concernant Elena. La photo a surement été fournie par Alan, le père d’Elena. Une fois que l’homme en uniforme fut devant moi, il prit la parole.
« Bonjour mesdames. Je pense que vous avez compris pourquoi je suis là, il montra le paquet de feuille. Il faut en afficher le plus possible dans toute la ville afin d’augmenter les chances de la retrouver.
- Laissez-nous un paquet je m’en chargerai, annonça Darla en tendant ses mains.
- Toute aide pour retrouver cette jeune fille est la bienvenue, le policier donna les documents à Darla. J’espère vraiment qu’elle réapparaîtra très bientôt. »
Après m’avoir lancé un regard de soutient, le policier sorti du café. Darla se précipita pour coller plusieurs affiches sur les vitres du café. Elle posa le reste sur le comptoir, pour ceux qui voudraient en prendre. J’en prendrai aussi pour les coller en bas de mon studio. Et un peu partout aussi. Partout où les services de police n’en auraient pas mis.
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La fin de journée était arrivée trop lentement à mon gout. J'étais enfin en week-end. J'allais pouvoir me concentrer sur la disparition d’Elena. Me précipitant vers la sortie du café, j’adressai un au revoir à Darla et me dirigeai vers l’arrêt de bus. Il serait peut-être temps de passer mon permis, ça m’éviterai de faire tous mes trajets en bus ou à pied.
J’attendis quelques minutes avant que le bus n’arrive. J’envoyais un message à Ethan pour lui dire que je serai chez moi en début de soirée, le temps que je rende visite à Alan.
Voilà le bus. Je pris un ticket et me mis vers le fond du bus pour m’éloigner des personnes déjà assises. Si j’ai décidé d’aller chez Alan, ce n’est pas que pour prendre de ses nouvelles. Non, après mon rêve de cette nuit, j’aimerai bien prendre le journal que l’on avait étudié Elena et moi. J’espère qu’Alan sera d’accord pour que je lui emprunte.
Dans le bus, certaines personnes me lançaient des regards compatissant, oui car l’amitié que nous avions Elena et moi était connu dans le quartier. « N’importe où Elena se trouve, Jade y est aussi. » C’est la phrase que nous répété tous nos professeurs. Ces regards commençaient à m’insupporter je n'aime pas lorsque les gens ont pitié de moi. Heureusement que je descend au prochain arrêt.
Une fois descendue il ne me restait que quelques mètres avant d’arriver devant la maison des Jones. J’accélérai le pas pour me trouver très vite sous le porche d’entrée. Le froid me glaçait les doigts, je n’arrivais presque plus à les bouger. Je me précipitai pour appuyer sur la sonnette afin que quelqu'un m’ouvre et que je puisse rentrer au chaud à l’intérieur de la maison. C’est Joshua, le petit frère d’Elena qui m’ouvrit la porte. De l’avoir en face de moi me fit énormément de peine, il est vrai que je n’avais pas pensé à ce qu’il pouvait ressentir.
« Comment tu te sens ?
- Comme si ma sœur était porté disparue, me répondit-il d’une voix à peine audible. »
Ces mots me firent froid dans le dos. Joshua n’a que treize ans mais il est d’une intelligence hors du commun, sans parler de sa répartie. Il me laissa entrer et appela son père. Celui-ci apparut devant moi, une mine fatiguée. Lorsqu’il m’aperçut il me lança un sourire sincère et me prit dans ses bras en guise de bonjour. Nous nous sommes dirigés vers le salon afin de nous asseoir Sur la table se trouvait les mêmes affiches que nous avait données le policier plus tôt dans la journée. Alan les désigna et prit la parole :
« La police m’en a donné afin que j’en place un peu partout dans la ville, m’annonça Alan d’une voix cassée.
- Oui, on nous en a donné ce matin au café, Darla en a affiché un peu partout sur les vitres et j’en ai pris également pour en mettre en bas de chez moi.
- Tu n’as toujours aucune nouvelle d’elle ?
- Malheureusement non »
Alan restait là à contempler les affiches sans dire un mot. Je ne sais pas s’il réfléchissait ou si tout simplement il ne trouvait plus rien à redire. Je me décidai donc à lui avouer la raison de ma venue avant que le silence ne devienne encore plus pesant.
« Alan, je peux te demander un petit service ? Lui annonçai-je d’une voix timide.
- Oui bien sûr Jade que se passe-t-il ?
- Elena et moi avions eu un devoir à faire un jour pour le lycée et nous avions utilisé un livre qui appartenait à vos ancêtres. Je me demandai si je pouvais te l’emprunter pour le lire, ce bouquin m’avait passionné, lui menti-je.
- Oui oui tu peux, je pense qu’il se trouve dans la chambre d’Elena, tu n’as qu’à monter le prendre. »
Je le remerciais et montais les escaliers en vitesse afin de rejoindre la chambre de mon amie. Le fait de revenir ici me fit bizarre, il est vrai que je n’avais pas remis les pieds dans cette chambre depuis un bon moment. La pièce est restée la même, aucune modification n’a été apportée. C’est aussi exactement la même que mon rêve, effrayant d’ailleurs. Je me décidai donc à chercher ce journal, en commençant par fouiller le bureau d’Elena, dans lequel le livre se trouvait dans mon rêve. Sauf que là, je dus chercher un peu partout afin de le trouver. Après de longues minutes de recherche, je finis par le trouver dans l’armoire d’Elena, enfouie sous quelques draps. Soupirant, je l’ouvrai pour vérifier que c’était bien ce que je cherchais. Des frissons me parcouru le corps entier en repensant à cette vieille femme qui se trouvait dans mon rêve. Qui est-elle ? Et qui est Dorcas ? Peut-être que ce livre me donnera la réponse. Après avoir jeté un dernier coup d’œil autour de moi, je sorti de la chambre et me dirigeai vers le salon.
Alan était toujours assis à la même place lisant toujours la même affiche. Des larmes montèrent immédiatement aux coins de mes yeux et je fis de mon possible pour me pas les laisser couler. Chose réussi, pour une fois. Je m’élançai vers Alan, le livre à la main. Celui-ci releva la tête afin que nous nous échangions quelques mots :
« Je me demande en quoi ce bouquin te passionne, ce ne sont que des gamines qui ont accusé des centaines de personnes à tort, divulgua Alan.
- Oui mais je me demande ce qui a poussé ces filles à faire ça, il faut avoir une bonne raison pour faire ces choses horribles, lui avouai-je.
- Tu as raison, tu n’as qu’à le garder si tu veux, je ne pense pas qu’Elena s’en servait beaucoup. »
Je remerciai Alan et après quelques minutes j’envoyai un message à Ethan en lui demandant s’il pouvait venir me chercher. Prendre le bus la nuit c’est un peu effrayant, surtout avec ce froid hivernal.
C’est donc une quinzaine de minutes plus tard qu’Ethan fit enfin son apparition et après avoir dit au revoir à Alan et Joshua, je montai dans sa voiture, direction mon chez moi.
Ethan tourna le regard vers moi et dès qu’il vit le livre dans mes mains me demanda ce que c’était. Je lui expliquai donc que c’était une des raisons pour laquelle j’avais rendu visite au père d’Elena. Je dois avouer qu’il était un peu perdu, ce qui me fit sourire. Je lui promis de tout lui expliquer une fois arrivé chez moi.
Un quart d’heure après nous étions enfin chez moi. Ethan s’installa à sa place habituelle, sur le canapé, et me tira vers lui pour que je lui raconte tout ce que j’avais à lui dire. Une fois installée, je pris le livre dans mes mains et commença à parler :
« Cette nuit j’ai fait un rêve effrayant. J’étais dans la chambre d’Elena, seule. La chambre était exactement la même, aucun détail ne manquait. Puis je suis tombée sur ce livre. Tu te souviens quand nous avions fait l’exposé sur les sorcières de Salem ? -Ethan fis oui de la tête- Et bien nous avions utilisé ce livre, enfin c’est plutôt un journal intime. Il appartenait à une certaine Abigail Williams. Bref passons, à la fin de mon rêve une femme terrifiante est apparue, je ne sais pas comment ni pourquoi. Elle s’est approché de moi et m’a murmuré à l’oreille un truc du genre ‘ils vont me le payer’. Je ne sais plus la phrase exacte mais elle m’a parlé d’une certaine Dorcas. »
Ethan me regardait surpris. Je pense qu’il est encore plus perdu qu’il ne l’était tout à l’heure dans la voiture. Après une longue minute de silence il prit enfin la parole :
« C’est pour ça que tu es allée chercher ce livre ? A cause d’un rêve ? Me demanda Ethan, incrédule.
- Ça peut te paraître bizarre mais je suis sûre qu’il y a un lien avec la disparition d’Elena.
- Jade tu regardes trop de film, c’est sérieux cette histoire. »
Le ton qu'a employé Ethan était dur, limite cassant. Et je dois avouer que je n’aimais pas vraiment quand on me parlait comme ça. Surtout que je savais ce que je disais, j’avais un étrange pressentiment concernant cette disparition.
Je ne répondis pas à Ethan et me levai silencieusement de ma place pour aller vers la salle de bain où je m’enfermai pour pouvoir être seule. Je commençais vraiment à en avoir marre de son attitude négative. En plus de ça mes nerfs avaient pris un coup depuis qu’Elena a disparu car tout d’un coup je me mis à pleurer. Je me laissai tomber contre la porte et replia mes jambes contre ma poitrine. N’essayant pas de retenir mes larmes, je les laissais couler librement sur mes joues. J’avais vraiment besoin de lui prouver que j’ai raison, si seulement je pouvais découvrir qui est cette femme, tout serai beaucoup plus simple.
Je restai sur le sol réfléchissant à comment pourrai-je avoir l’identité de cette femme lorsque j’entendis taper à la porte de ma salle de bain. Ethan se trouvait de l’autre côté.
« Jadey s’il te plait sors de là, je suis désolé, je n’aurai pas du te parler comme ça. »
Au moins, il s’excuse, c’est déjà ça. Trois petits coups sur la porte se firent de nouveau entendre.
« Si tu ne sors pas de là, je continuerai à taper à la porte. »
Je souris suite à sa phrase car je savais qu’il continuera tant que je ne lui ouvrirai pas la porte. Exaspérée d’entendre le bruit des coups, je me décidai à enfin sortir. J’ai au moins tenue tête pendant cinq minutes.
« Qu’est-ce que tu veux ? Lui demandai-je agressivement.
- Me faire pardonner, me répondit Ethan avec une moue irrésistible. »
Il ouvrit ses bras afin que je me jette dedans. Je le fixai d’un air sérieux durant quelque seconde sans bouger puis, ne pouvant résister plus longtemps, me lançai dans ses bras. Ethan me serra fort contre lui en me murmurant un « Désolé » à l’oreille. Nous sommes restés dans les bras l’un de l’autre un long moment jusqu’à ce que mon ami me dise :
« Allez, dis-moi tout ce que tu veux que je fasse et je le ferai, pour me faire pardonner ! »
J’étouffai un petit rire et fis mine de réfléchir quand une idée me traversa l’esprit.
« Il y a peut-être quelque chose que tu peux faire pour moi, lui annonçai-je avec un petit sourire.
- Je t’écoute, tout ce que tu veux.
- J’ai besoin que tu me conduises quelque part demain …
- Tu n’es pas exigeante c’est bien, tu veux aller où ? Me demanda Ethan en se moquant.
- A Hartford, lui répondis-je doucement, appréhendant sa réaction.
- Quoi ? Hartford ? Jade c’est à deux heures de route au moins ! Qu’est-ce que tu veux faire là-bas ?
- J’ai quelque chose à vérifier. »
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