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vendredi 11 janvier 2013

Chapitre 5 - Hartford

CHAPITRE 5


Ethan et moi sommes actuellement en route vers Hartford. Nous avons pris la route tôt ce matin afin de ne pas être bloqués dans le trafic. Mon ami a fini par abandonner ses questions quand il a vu que je ne répondrais à aucune de celles-ci tant que nous ne serions pas sur place. Si j’ai décidé d’agir comme cela, c’est parce que je connais Ethan et je sais ce qu’il pense de toute cette histoire de disparition. Selon lui, mes rêves ne sont que le fruit de mon imagination doublé du fait qu’Elena me manque énormément. Alors si je lui dis que je veux me rendre à Hartford parce que c’est là qu’Elena et moi étions dans le rêve précédent sa disparition, je crois qu’il m’aurait tout simplement traité de folle. Je me souviens que dans mon rêve un panneau avait indiqué que nous nous trouvions à Hartford. Le problème est que je ne sais pas exactement où se situe le parking dans lequel le bus s’était garé pour que nous fassions une pause. Une fois sur place je demanderai aux passants de m’indiquer un parking qui sert aussi de repos au bus qui font de long trajet.

Pour ne pas m’ennuyer durant les deux heures qui nous séparent de notre destination finale, j’ai amené le journal d’Abigail Williams avec moi. Je ne sais pas exactement ce que je cherche mais je suis persuadée que des éléments importants se trouvent dans ce bouquin. Je me décidai donc à le lire depuis le début, ne sachant pas par où commencer. 

Les dix premières pages, Abigail explique comment sa cousine, Betty Parris, et elle ont imaginé toute cette histoire. Elle ne laisse aucun détail de côté, décrivant la manière dont elles ont fait croire au révérend Samuel Parris (oncle d’Abigail et père de Betty) leur malédiction, en passant par le nombre de filles qu’elles ont réussi à convaincre de se joindre à elles dans toute cette machination. Au total sept jeunes filles les ont rejointes. Abigail souhaitait que la ville soit débarrassée de toute ces sorcières. Sérieusement ? Elle croyait aux sorcières ? Bon … J’avoue qu’avec tout ce que j’ai avoué à Ethan à propos d’Elena et de sa disparition, je ne devrais pas me moquer. 

Au bout d’un certain nombre de pages, je me concentrais d’avantage car l’histoire évoluait de plus en plus. Ethan m’interrompu quelques instants : 

« La fatigue commence à se faire sentir. Si tu … parlais un peu, ça m’aiderait à … rester éveillé, prononça Ethan entre deux bâillements. 
- Je ne sais pas quoi te dire et puis tu vois bien que je suis en train de lire, lui dis-je en lui montrant le bouquin de la tête.
- Tu n’as qu’à lire à voix haute, puisque tu ne veux pas que j’allume la radio.
- Vraiment ? Je pensais que cette histoire ne t’intéressais pas, lui avouai-je.
- Tu as l’air passionné depuis tout à l’heure, ça doit ne pas être si mal que ça au final. »

Entendant cela, je pouffais de rire et me raclais la gorge afin de lire haut et fort : 
« Aujourd’hui, nous sommes le premier mars. Et je dois avouer que je suis plutôt fière de nous. Les trois sorcières que nous avons accusées sont désormais emprisonnées. Nous sommes enfin débarrassées de ces vieilles folles. Betty m’a fait part de son inquiétude concernant la fille de Sarah Good. Elle pense que, malgré son jeune âge, c’est une sorcière elle aussi. Nous hésitons encore à la dénoncer. Nous nous déciderons d’ici quelques jours, en attendant nous allons savourer pleinement notre victoire, le procès n’étant prévu que dans deux mois. J’espère que d’ici-là, les habitants de Salem nous aurons un peu oubliées. De plus en plus de gens connaissent notre histoire et je ne veux pas prendre le risque que quelqu’un découvre notre secret. Et puis je n’aime pas me faire remarquer même si je savais qu’en inventant tout ceci nous serions au centre de l’histoire. »

Je suis choquée de ce que je viens de lire. Comment peut-on rendre du plaisir en accusant des innocents de sorcellerie ? J’imagine qu’à l’époque cela a dû avoir une ampleur grandiose. 

Je me souviens qu’Elena et moi avions eu une très bonne note à notre exposé. Grâce à ce livre d’ailleurs. Mais je n’avais jamais pris conscience de l’ampleur qu’a pu prendre cette histoire. 

Je pu voir sur le visage d’Ethan de la surprise. En effet ses yeux étaient grand ouverts et il ne parlait tout simplement plus. Je vois que je ne suis pas la seule à être sous le choc. Je m’apprêtais à continuer ma lecture quand Ethan me coupa pour me montrer que nous étions arrivés à Hartford. Il me regarda et prit la parole :

« On va où maintenant ? Me demanda-t-il curieux.
- Il faut trouver un parking, lui répondis-je sûre de moi.
- Un parking ?! Répéta Ethan d’un air ébahi.
- Oui, un parking. Arrête toi devant cette vieille femme je vais lui demander où nous pouvons en trouver un, lui ordonnai-je en désignant une femme assez âgée qui était en train de marcher. »

Ethan s’exécuta sans dire un mot. Je devinais dans ses gestes qu’il était un peu en colère. Je peux le comprendre, je lui ai fait faire deux heures de route sans lui dire pourquoi je voulais venir ici et une fois arrivés je lui annonce que nous devons chercher un parking. C’est définitif, Ethan doit me prendre pour une folle.

Arrivés devant la vieille femme, j’ouvris ma fenêtre et l’interpellais : 

« Excusez-moi madame ? La vieille femme se retourna et s’avança vers moi en souriant. Je cherche un parking, assez grand où l’on pourrait faire une pause, nous venons de faire deux heures de route et mon ami, je désignais Ethan, commence à être fatigué.
- Il y a plusieurs parkings ici mademoiselle, me répondit-elle en riant. Mais il y en a un près de l’autoroute qui sert de repos aux autobus. Vous pourriez y trouver un café pour votre ami, c’est comme une aire d’autoroute.
- Où se trouve-t-il, s’il vous plaît ?
- Il faut traverser la ville et se diriger vers l’autoroute. Une fois là-bas vous trouverez facilement, tout est indiqué. » 

Je la remerciais et refermais la vitre. Ethan redémarra la voiture sans dire un mot. Il suivait les indications que la vieille dame nous avait indiquées quelques secondes plus tôt tout en fixant la route. J’ai pu remarquer qu’il n’était pas particulièrement de bonne humeur quand j’ai vu qu’il serait le volant plus fort que prévu. Je le comprends … Si j’étais à sa place je serais également en colère d’avoir fait près de deux heures de route sans savoir pourquoi. 

Si j’ai décidé de venir ici ce n’est pas sur un coup de tête. C’est dans cette ville qu’Elena et moi nous étions arrêtées dans mon tout premier rêve. C’est dans cette ville qu’elle a disparue. Sur ce parking. Je me suis dit qu’une fois sur place je pourrai peut-être trouver un ou plusieurs indices qui m’aideraient à la retrouver vu que l’enquête de police n’avance pas, je vais mener ma propre enquête. Sans l’aide de personne. Enfin, avec l’aide d’Ethan. Jusqu’à ce qu’il sache réellement pourquoi je suis ici. Je ne pense pas que ma théorie lui plaira, il me la déjà fait comprendre …  S’il m’abandonne sur ce coup, je serai vraiment seule. Je ne sais pas si je vais tenir le coup.

Quelques minutes plus tard nous nous trouvions dans un parking. Non, dans LE parking. Enfin, nous y sommes. J’allais sortir de la voiture lorsqu’Ethan, toujours installé au volant, me rattrapa par le poignet. Je me retournai afin de comprendre ce geste lorsqu’il verrouilla les portes de la voiture. Je le regardais avec surprise lorsqu’il prit la parole d’un air sérieux :

« Si tu veux descendre de cette voiture, tu m’expliques pourquoi tu m’as fait venir ici.
- Tu fais quoi la ? Tu m’enfermes ? Je peux très bien sortir si je le souhaite.
- Ok, sors. Tu feras le retour en taxi dans ce cas-là. »


Et merde. Je connais Ethan et je sais que la, en ce moment même, il ne plaisante pas. Si je sors de cette voiture, il va vraiment partir et me laisser seule, dans une ville que je ne connais pas. Je n’ai pas d’autre choix que de lui expliquer la raison de ma venue dans cette ville. Il va certainement mal le prendre …

« Bon écoute, si je te raconte tout, tu me promet de ne pas t’énerver ? Lui demandai-je avec appréhension.
- Ouais, répondit Ethan d’un ton tranchant. 
- Promis ? Ethan me lançait un regard blasé et ne répondit pas. Ethan allez, s’il te plait.
- Ok promis, lâcha Ethan après quelques secondes de silence.
- C’est dans ce parking … qu’Elenaadisparu, lui dis-je sans articuler.
- Quoi ?! Non Jade, s’il te plait, ne me dit pas que …
- T’as dit que tu ne t’énerverais pas ! Le coupai-je avant qu’il ne finisse sa phrase.
- Jade putain t’abuse la, ce n’était qu’un rêve tu ne comprendras donc pas que ce n’était pas réel ? »

Je le savais qu’il réagirait de cette manière. Je le fixai pendant un long moment et après quelques secondes qui me parurent durer une éternité, je me retournai afin de sortir de la voiture. Il n’a qu’à partir s’il le souhaite, je ferai le retour en taxi. 

Le parking est exactement le même que dans mon rêve. C’est troublant de voir que tous les détails sont exactement pareil. Normalement, dans un rêve les choses changent, se déforment, la non, tout est identique ! 

J’avançai jusqu’à l’endroit où le bus s’était arrêté. Si je me souviens bien, je me trouve à l’endroit exact de mon rêve. Je regardai autour de moi et reconnu le panneau avec le nom de la ville inscrit dessus. Heureusement que peu de personne se trouvent sur le parking, au moins je ne passerai pas pour une folle auprès des habitants. Ethan me considère déjà comme tel, je ne vais pas en plus rajouter du monde à la liste. Bon reprenons ma petite enquête. Dans mes souvenirs, Elena était partie, laissant des traces de pas sur le sol fait de terre. Si je continue à marcher tout droit je quitte le parking pour me retrouver dans une petite forêt. De là ou je me situe, j’aperçois des tables. Il doit surement y avoir du monde qui s’y promène en attendant de reprendre la route, je ne risque donc pas de me retrouver toute seule. Je dois avouer que ce genre d’endroit me fait peur. Même en pleine journée. 

J’entreprenais donc de pénétrer dans la forêt lorsque j’entendis des pas derrière moi et senti une main sur mon épaule. Je me retournai pour faire face à Ethan. Je le regardai attentivement attendant qu’il prenne la parole, ce qu’il fit quelques secondes après :

« T’es vraiment sure de toi Jade ?
- Tu crois vraiment que je t’aurai fait faire deux heures de route si je n’étais pas sure de moi ? 
- C’est vrai … C’est juste que toute cette histoire me dépasse, je veux juste que l’on puisse retrouver Elena afin que de continuer à vivre normalement, comme avant.
- Fais-moi confiance Ethan, je suis sure d’être sur la bonne piste. »

Je pris la main d’Ethan et la serra contre la mienne. Il semblait plus apaisé, plus confiant à présent. Je vais enfin pouvoir avancer comme je le voulais. Ne lâchant pas sa main, je continuai de marcher en direction de la petite forêt dont j’avais l’intention de me rendre avant qu’il ne fasse son apparition. J’ai bien l’intention de trouver quelque chose ici. Quoi ? Je ne sais pas, mais je dois trouver un indice. Au fur et à mesure que nous avancions, je me rendis compte que je ne connaissais pas l’endroit. Du moins que je ne connaissais plus l’endroit. En effet, lors de mon rêve je n’avais pas pu aller jusqu’au bout de cette petite forêt. Je découvrais, tout comme Ethan, les grands arbres environnant et les petites tables de pic-nic autour. 

C’est alors que je vis une femme, ni trop jeune, ni trop âgée. Ses cheveux longs recouvraient une partie de son visage. Cette femme me dit quelque chose. Je m’approchais d’elle, Ethan à mes côtés,  serrant ma main pour ne pas que j’aille trop loin. Arrivé près de cette femme, je me rendis compte que c’était elle la femme de mon rêve. La fameuse inconnue qui trouvait dans la chambre d’Elena. Lorsqu’elle me vit, elle fut surprise et se retourna en vitesse afin de s’éloigner de nous. Je m’apprêtais à la suivre lorsqu’Ethan me retenu :

« Jade ça va pas ou quoi ? Tu m’expliques pourquoi tu veux courser cette femme ?! Me demanda-t-il avec un air choqué.
-C’est elle, Ethan, l’inconnue de mon rêve, c’est elle ! Lui criai-je en me débâtant pour qu’il me lâche le bras. »

Une fois libérée de son emprise je me mis à courir afin de la rattraper. Après cinq bonnes minutes de course je me rendis compte que j’avais définitivement perdu sa trace. Mais que faisait-elle ici ? Dans cette forêt ? Près de l’endroit où Elena a disparu ?

Je retournai près d’Ethan qui n’avait pas bougé. Une fois arrivée, il me fit un signe de la tête auquel je fis un signe négatif. 

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C’est en fin d’après-midi, qu’Ethan et moi avions repris la route. Désespérée de n’avoir pas pu retrouver cette femme, j’avais laissé Ethan nous reconduire à la voiture. 
J’étais vraiment énervée de ne pas avoir pu demander le nom de cette femme. Elle a un lien avec la disparition d’Elena, je le sens. Pourquoi se trouvait-elle dans la chambre de celle-ci dans mon rêve ? Pour ensuite se trouvait à l’endroit où elle avait disparu ? 

Me penchant vers la boîte à gant, je sorti le journal d’Abigail, décidé à trouver un indice qui pourrait me faire avancer dans cette histoire. J’ouvris le livre à la page 15, là où je m’étais arrêté quelques heures plus tôt. 

« Le 20 mai 1962.
Le procès a enfin commencé et je me sens vraiment mal. Moi qui pensais que ce procès allait apaiser mes peurs, je me suis trompée. Il n’a fait que les raviver. De plus en plus de personnes ont été accusé, femme, homme et enfants. Ou devrai-je dire de plus en plus d’innocents ? Ce que je voulais moi, c’était arrêter les trois vieilles femmes qui nous faisait peur. C’est tout. Mais cette histoire prend une ampleur inimaginable. La fille de Sarah Good, a finalement été mise en prison. Je ne voulais pas, elle n’a que quatre ans. Comment une enfant peut-elle vivre dans une prison ? Ce n’est pas un lieu adapté. Cette histoire va beaucoup trop loin, si j’avais su que Dorcas serait emprisonnée, je n’aurai jamais … »

Je coupa ma lecture et mes yeux s’agrandirent lorsque je lu le prénom Dorcas. Je relus une seconde fois ce passage et compris que la femme dans le bois était … Sarah Good, la mère de Dorcas. Non, non impossible. Cette femme est morte depuis des centaines d’années, comment pouvait-elle se trouver au même endroit que moi ? 



Ethan me regarda inquiet et me demanda :

« Jadey, ça va ? En dirait que tu viens de voir un mort !
- Ethan … Je crois bien que … Nous en avons vu un cette après-midi … Ou plutôt une …, lui avouai-je tremblante.
- Quoi ?!
- Cette femme que l’on a vu dans les bois, cette femme qui, dans mon rêve, m’a parlé d’une certaine Dorcas … c’est Sarah Good. Une des soi-disant sorcières qu’Abigail a accusé en 1692… »

Ethan me regarda choqué avant de se concentrer à nouveau sur la route.


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