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dimanche 11 novembre 2012

Chapitre 8 - Le jour des confrontations

CHAPITRE 8


Trois jours étaient passés depuis que j’ai raconté ma rencontre avec Riley à Ethan. Trois jours sans nouvelles d’Ethan. Enfin si, quelques messages par ci par là disant « je vais bien merci, ne t’inquiète pas » mais je pouvais sentir que ce n’était pas comme d’habitude. Il était devenu distant avec moi et je commençais à ne pas trop apprécier le fait qu’il s’éloigne de moi comme ça. Tout ça pour une histoire ridicule de couple ou pas couple.

En parlant de couple, mes parents sont arrivés il y a deux jours, sans me prévenir, préférant me faire une surprise. Drôle de surprise. Darla m’avait laissé seule au café ce jour-là et s’était inventé un rendez-vous chez le médecin pour ne pas que je me doute de leur arrivée. Le problème était que mes parents n’étaient pas au courant pour Elena. Ma mère m’avait serrée dans ses bras pendant de longues minutes. Bien sûr, j’avais dû leur expliquer la version officielle, celle où mon amie n’avait plus donné de nouvelles à personne. Je préférais ne pas partager le fait qu’Elena apparaissait dans mes rêves, sachant d’avance la réaction qu’aurait eu ma mère. « Tu rêves d’elle parce qu’elle te manque, ton subconscient te joues des tours ma fille». Le genre de phrase que ma mère avait l’habitude de dire.

      Darla m’avait donc laissé ma semaine pour que je puisse profiter de la présence de mes parents. Le problème c’est qu’avec mes parents chez moi, je ne pouvais pas avancer dans mes recherches. En plus de ça, Ethan qui ne m’adressait presque plus la parole. La semaine allait être longue.

« Jade, je te parle ! »

J’étais tellement concentrée dans mes pensées que je n’avais même pas entendue la voix de ma mère.

« Oui ? Quoi ?
- Ca fait au moins cinq bonnes minutes que je te parle, tu n’as rien écouté ?
- J’étais ailleurs … Tu disais quoi ?
-  Tu devrais sortir un peu, t’aérer l’esprit au lieu de rester enfermée toute la journée. Darla m’a parlé de tes moments d’absence, ça m’inquiète.
- C’est rien, la fatigue. Puis sortir pourquoi faire ? Je suis toute seule, il n’y a plus personne. Autant rester ici. »

J’étais sous le choc de ma révélation, je ne m’en étais jamais rendue compte jusqu’à présent. J’étais seule. Je n’avais plus personne.
Ma mère me fixa, tout dans son regard indiquait qu’elle avait de la peine pour moi. Elle s’approcha afin de me prendre dans ses bras, sans savoir pourquoi je me suis reculée pour éviter ce geste. Je leur en voulais de m’avoir laissée seule ici, à Salem et d’être parti vivre leur rêve alors que je devais me débrouiller, seule, jour après jour pour pouvoir vivre le mien. Ils n’ont jamais su comment se comporter avec moi, à vrai dire ils n’ont jamais su comment se comporter en tant que parents.

Alors que je m’apprêtais à sortir afin de m’éloigner de mes parents, mon portable se mit à sonner. Darla ? Je répondis rapidement :

« Allo ?
- Jade, tu es chez toi ? me demanda-t-elle paniquée.
- Oui oui, pourquoi qu’est-ce qu’il se passe ?
- Joshua, le frère d’Elena, s’est fait renversé ce matin en allant au collège. Il est à l’hop …
- Quoi ?! Il va bien ? Il est où ? Quel hôpital ? La coupais-je.
- L’hôpital de Salem. Jade j’ai besoin de toi ici au café.
- Non Darla, ferme le café, je vais aller le voir et ne commence pas à m’engueuler et à me persuader du contraire. Je ne peux pas les laisser seuls. On se voit là-bas. »

Je mis fin rapidement à l’appel sans la laisser finir. Je commençais à bien connaître Darla et elle allait m’ordonner de tenir le café pendant son absence alors que je ne pouvais absolument pas laisser Alan comme ça. Le sort s’acharnait sur cette famille, ça en devenait presque effrayant ! Je me devais d’être présente.
Je pris ma veste et sortis sans même expliquer à ma mère ou j’allais. De la porte, je pouvais l’entendre me demander en criant ce qu’il se passait. Pas le temps de t’expliquer maman.

----

Plus tard – Hôpital de Salem

      Une fois arrivée à l’hôpital, je me précipitai à l’accueil pour demander à une secrétaire de m’indiquer la chambre de Joshua. Celle-ci me répondit qu’étant juste une amie de la famille, je ne pouvais pas le voir pour le moment mais que je pouvais tout de même patienter dans la salle d’attente qui se trouvait près de sa chambre, au deuxième étage.

Je m’exécutai donc, préférant prendre les escaliers car oui je crains les ascenseurs depuis toute petite. Je suivis les panneaux d’indication et arrivais enfin dans la salle d’attente. Il y avait cette odeur spéciale que l’on retrouve dans tous les hôpitaux, odeur qui me donnait envie de rejeter mon repas de midi. Peu de personnes se trouvaient dans la salle. Un couple d’une quarantaine d’années étaient assis près d’une fenêtre, une jeune femme était quant à elle debout en train de tourner en rond et … Darla. Quand je suis entrée dans la pièce elle n’a rien trouvé d’autre à faire que de me regarder de travers. Si j’ai bien appris un truc avec elle, c’est qu’il ne faut jamais l’énerver. Je décidai donc je m’installer près d’elle, sans lui adresser la parole. Je détestai agir comme ça, mais elle ne me laissait pas le choix.

       Nous sommes donc restées assise sans parler pendant un bon bout de temps. Nous étions seules à présent dans la salle d’attente. Le couple étaient partis une fois que le docteur leur avait annoncé que leur petit fils était en bonne santé et la jeune femme était tout simplement partie. Surement dû à son impatience. Elle m’avait donné mal au cœur à force de tourner en rond.

 « Tu vas me faire la tête encore pendant longtemps ? »

Je tentais un regard vers Darla. Elle regardait droit devant elle et ne répondit même pas à ma question. Cette fin de journée allait être longue.

« Darla s’il te plaît, essaies de comprendre, je ne pouvais pas les laisser comme ça, ce sont les proches de ma meilleure amie. J’ai grandi avec eux je te rappelle. »

C’est lorsqu’elle me regarda que l’expression de son visage changea. La colère avait laissé place à la tristesse. Je faisais tant de peine que ça ?

« Ethan n’est pas avec toi ? »

Aïe. Je l’avais oublié. J’étais tellement sortie vite que je n’ai pas pris le temps de le prévenir. En même temps, il ne serait certainement pas venu puisque j’y étais.

« Non, j’y ai pas pensé.
- Etonnant venant de toi. Vous vous êtes disputés ? »

Je ne savais pas quoi lui répondre. Non, on ne s’était pas disputé. Pas du tout même. Il voulait juste prendre ses distances avec moi.

« Non, je suis vite partie de chez moi, je n’ai pas eu le temps de l’avertir. »

Darla était sur le point de me répondre quand Alan débarqua dans la salle d’attente, un mince sourire sur les lèvres et des cernes sous les yeux. Il semblait exténué. J’eus beaucoup de peine pour lui. Après avoir perdu sa femme, sa fille disparaît  enfin pas tout à fait, et maintenant son fils qui se fait renverser. Il en avait du courage.

Nous nous sommes donc levées pour aller à sa rencontre et prendre des nouvelles de Joshua. Alan nous expliqua qu’il avait eu un traumatisme crânien ainsi qu’une fracture du péroné et qu'il avait énormément besoin de repos. Je ne pus m’empêcher de laisser échapper quelques larmes suite à ses révélations. Darla qui était à mes côtés me pris la main et la serra.

« Jade ne pleures pas, ça aurait pu être bien pire, il s’en sort plutôt … bien, m’avoua Alan.
- Tu ne sais pas qui a bien pu le renverser ? Demanda Darla.
- Non, nous n’en savons rien. Aucun témoin n’était présent sur le moment et Joshua ne se rappelle de rien … 
- Si je retrouve celui qui a fait ça, je te jure que je …
- Jade, reste calme –me coupa Darla- on ne résout pas la violence par la violence. »

         Entendant cela, Alan esquissa un sourire. Elle n’a jamais aimé tout ce qui touche à la violence. Je me rappelle même du jour où deux hommes se sont battus au café, elle était tellement paniquée que j’avais dû prendre mon courage à deux mains pour les séparer. L’un des deux hommes, en voulant frapper l’autre, avait bien failli m’en mettre une d’ailleurs.

       Une infirmière fit son apparition dans la salle d’attente nous indiquant qu’il était temps pour Darla et moi de quitter l’hôpital. D’après Alan les visites seraient autorisées le lendemain en début d’après-midi mais nous devions venir un par un pour ne pas trop fatiguer Joshua.

Nous avons donc quitté l’hôpital après avoir salué le père de ma meilleure amie. Darla m’a gentiment proposé de me ramener chez moi, proposition que j’acceptais immédiatement, ne voulant pas refaire le chemin du retour à pied. Dans la voiture, le silence régnait. Je pris mon portable caché au fond de mon sac et fus surprise de constater que je n’avais aucun message ni appel de ma mère. Elle devait sûrement être très remontée contre moi. Une fois arrivées devant chez moi, je proposai à Darla de passer la soirée avec nous.

« Allez Darla viens, tu sais que ça sera plaisir à ma mère que tu sois là.
- A ta mère ? Ou à toi ? Darla me lança un regard suspicieux.
- Moi ? Demandai-je surprise.
- Quand j’ai emmené tes parents chez toi, tu m’as lancé un regard noir Jade. »

Ok. Darla avait le pouvoir de me faire culpabiliser. Il est vrai que j’avais mal réagit mais j’étais vraiment surprise de les voir et il faut avouer qu’ils étaient arrivé à un mauvais moment. J’avais dû arrêter de chercher des réponses concernant Elena parce que ma mère était constamment sur mon dos, chose que je n’appréciais pas forcement.

« Allez, sors de ma voiture méchante fille.
- Ah, donc tu viens ? Tentai-je avec un sourire. »

Elle hocha la tête et sorti donc de la voiture pour me suivre vers mon appartement. Une fois devant la porte de chez moi, je fis une pause pour souffler un bon coup. Darla qui se tenait derrière moi passa sa main sur mon dos pour m’encourager à entrer, ce que je fis quelques secondes plus tard. La première personne que je vis en entrant fut ma mère. Elle m’adressa un regard noir de colère et commença son discours :

« Jade, je t’avertis la prochaine fois que tu sors comme ça sans me prévenir … »

Elle fut tellement surprise de voir Darla avec moi qu’elle s’arrêta net dans ses menaces. Mon père fit son apparition et salua Darla avec enthousiasme.

« Que faites-vous ensemble, je pensais que tu étais de repos Jade ? Me demanda mon père.
- Oui je le suis, c’est juste que … Joshua a eu un accident ce matin et nous sommes allées le voir avec Darla. »

Mes parents semblaient vraiment touchés par ma révélation. Ma famille et celle d’Elena n’ont jamais été très proches mais nos parents s’entendaient plutôt bien. Mes parents connaissaient donc Joshua depuis son plus jeune âge. Tout comme moi.

« Ça n’excuse pas ton comportement de ce matin, me lança ma mère.
- J’étais pressée. »

Darla me donna un coup de coude assez violent. Elle n’aimait pas le ton que j’employais pour parler à ma mère et essayait à chaque fois d’arranger les choses entre nous.
Alors que les deux amies étaient en train de discuter de l’accident de ce matin, je m’éclipsai dans ma salle de bain. J’avais vraiment besoin d’une bonne douche chaude. Je me débarrassai donc de mes vêtements afin d’entrer dans la douche. Comme chaque jour, je poussai un cri lorsque de l’eau froide sorti du pommeau de douche.

C’est dans ce genre de moment que j’avais le plus besoin d’Elena. A chaque fois que mes parents revenaient de Floride, elle me soutenait sachant que je supportais mal la cohabitation. Mais cette fois-ci je me retrouvais seule. Des larmes coulèrent le long de mes joues. Lasse de les retenir à longueur de journée, je les laissais couler librement et fermais les yeux. Lorsque, quelques secondes plus tard, je les rouvris, ma vue était toute brouillée. Cette situation commençait sérieusement à me peser. Je secouai la tête afin de me changer les idées et sortis de la douche.    

Je me séchai rapidement, mis un pyjama chaud et après un dernier coup d’œil dans le miroir, je rejoignis mes parents ainsi que Darla dans le salon.

Ma mère était en train de nous préparer à manger aidée de Darla tandis que mon père était assis devant la télé. J’étais sur le point de m'asseoir près de lui quand j’entendis quelques coups à ma porte. C’est donc d’un pas lent que je me dirigeai vers celle-ci et l’ouvris.

« Ethan ? »

Je dois dire que j’étais vraiment surprise de le voir devant ma porte après trois jours de totale ignorance. Il semblait fatigué à en juger les traits tirés de son visage, quant à ses cheveux, ils étaient désordonnés. Il tenait un dossier sous son bras. Je m’écartais un petit peu de l’entrée afin qu’il puisse rentrer. Mais il ne bougea pas.

« Tu ne veux pas entrer ? Lui demandai-je même si je connaissais déjà la réponse.
- En fait je suis vite passé t’apporter ça »

Il me tendit le dossier en question. Je fermai la porte derrière moi afin qu’Ethan et moi puissions parler au calme. Darla et ma mère faisaient énormément de bruits sans s’en rendre compte. Je pris le dossier des mains d’Ethan.

« C’est le document que tu cherchais la dernière fois, m’avoua-t-il.
- Oh, tu y as pensé, merci.
- Pas de quoi. »

Je restai sans voix face au ton sec qu’il venait d’employer. Je sentis des larmes s’installer au coin de mes yeux et je me forçai pour ne pas les faire couler une fois de plus. Pas devant lui.

« C’est tes parents chez toi ? »

Je répondis oui de la tête n’ayant pas le courage de prononcer un mot.

« Bon voilà, je vais te laisser. »

Ethan était sur le point de partir quand je lui agrippai le poignet le forçant à rester.

« C’est quoi ton problème hein ? »

Je fus surprise de lui avoir posé cette question aussi brutalement. Ethan aussi apparemment vu l’expression de son visage. Il souleva un sourcil qui voulait surement dire « développe ».

« Ne fais pas l’innocent Ethan, ça fait trois jours que tu ne m’adresse plus la parole et là tu viens juste pour m’apporter ce dossier, tu ne prends même pas la peine de me demander si je vais bien. Non. Tu passes comme ça, en coup de vent. Alors oui, je répète ma question, c’est quoi ton problème ? »

Je ne m’étais jamais énervée contre Ethan. Nous nous étions toujours bien entendu lui et moi. Même si des fois on se prenait la tête, jamais je ne lui avais parlé comme ça, sur ce ton.

« Tu crois quoi Jade ? Que c’est facile pour moi aussi ?
- Non mais tu rigoles j’espère ? C’est toi qui as décidé de t’éloigner de moi, sans aucune raison.
- J’essaie juste de nous préserver.
- Je ne comprends pas là … Nous préserver de quoi au juste ?
- Tu cherchais quoi en disant à Riley qu’on était ensemble toi et moi ?
- Tu ne réponds pas à ma question.
- Toi non plus. »

Ethan me fixait. Malgré le fait que ça me mettait mal à l’aise, je soutenais son regard attendant qu’il réponde le premier. Le connaissant, il n’allait pas céder. Je soupirai. Je n’aimais pas la tournure que prenait cette conversation.

« Je voulais qu’il me laisse tranquille, rien de plus.
- Rien de plus ?
- Rien de plus, répétai-je en essayant de paraître crédible. »

A son tour de soupirer. J’avais donc raison, il prenait ses distances à cause de cette foutue conversation avec Riley. Moi qui cherchais juste à ne pas m’attirer les foudres de ma meilleure amie, me voilà en train de perdre Ethan. Et ça, je ne pouvais pas accepter.

« Ecoute Ethan, je suis vraiment désolée si je t’ai blessé ou quoi que ce soit en disant ça, je ne voulais pas, c’est sorti comme ça.
- Justement. C’est sorti comme ça. Comme si c’était une évidence.
- En même temps t’es le seul gars que je connaisse. Enfin, le seul avec qui je suis … proche. »

Un long silence accompagna mes dernières paroles. Nous nous étions éloignés l’un de l’autre. Comme s’il y avait une ligne tracée au sol que nous ne devions pas dépasser. Une sorte de distance de sécurité. Je fis un pas vers Ethan, qui lui ne bougea pas. Je me tenais donc devant lui et tentais un sourire auquel il ne répondit pas, ce qui me fit d’autant plus rire. Il semblait vraiment énervé.

« Allez Ethan, s’il te plait arrête … Tu me manques. »

Qui aurait cru qu’un jour je mettrais ma fierté de côté ? Pas moi, en tout cas. Ethan resta sans bouger pendant de longues secondes et fini par me prendre dans ses bras. Et c’est à ce moment-là que ma mère ouvrit la porte. Je me détachais rapidement des bras d’Ethan, honteuse que ma mère ait pu voir ça. Ethan, lui, pouffa en voyant la gêne s’emparer de moi.

« Oh … Désolé je ne voulais pas vous déranger » dit-elle avec un grand sourire. 

Elle referma la porte. Ethan n’arrêtait pas de rire. Je le bousculais afin de le faire arrêter, ce qui le fit rire d’avantage.

« Voilà, maintenant elle va me bassiner avec ça.
- T’as qu’à entrer dans son jeu, comme avec Riley.
- Très drôle Ethan ! »

Il me lança un sourire franc avant de partir, ayant des cours à réviser.

« Ethan ? Lui criai-je.
- Mh ?
- Non, finalement je n’ai rien à dire. »

Je souris face à son expression, puis lorsqu’il fut hors de ma vue, je rentrais chez moi. J’étais soulagée qu’il soit revenu. Même si cette conversation avait été plus que bizarre. Lorsque ma mère me vit, elle était sur le point de parler mais je levai la main et lui grogna un « C’est pas du tout ce que tu crois » auquel Darla et elle, se mirent à rire.

---

Je me trouvais dans une salle de classe. Cette salle où Elena et moi avions rencontré Ethan pour la première fois. Rien n’avait changé, toujours les même dessins horribles sur les tables accompagnés de mots d’amour et quelque fois même d’insultes. Elena était assise sur une des chaises et semblait réfléchir. Je m’avançais vers elle et m’installais sur la chaise d’à côté.

«Comment va mon frère ? » Me demanda-t-elle sans même tourner la tête vers moi.

Je fus surprise par sa question. Face à mon silence, Elena tourna la tête vers moi et je pus remarquer des traces de larmes sur ses joues.

« Il va plutôt bien, d’après ton père. »

Elle hocha la tête.

« Et toi, comment vas-tu Jadey ?
- Je préfère ne pas répondre à cette question. »

Elena me fixa un petit moment et baissa la tête.

« Dis El’, ça te dis qu’on fasse un petit jeu toi et moi ?
- Un jeu ? »

J’étais bien décidé à avoir des réponses ce soir.

« Oui.
- Quel genre de jeu ?
- Le genre de jeu où chacune pose une question à l’autre et où l’on est obligé de répondre. »

Elena arqua un sourcil et un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres.

« Pourquoi pas ? Mais JE commence. »

Elena a toujours été une grande joueuse, je la laissai donc commencer.

« Il se passe quoi entre Ethan et toi ?
- Sincèrement ? –Elena hocha la tête- Je n’en sais rien du tout. Je ne sais pas ce qu’il attend de moi, et moi-même je ne sais pas ce que je veux. Plutôt compliqué notre histoire.
- Pas si compliqué que ça … Vous êtes des peureux voilà tout –Elle s’esclaffa- A toi Jadey !
- Où es-tu exactement ?
- Dans le monde des rêves.
- Le monde des rêves ?
- Tricheuse, une question à la fois ! A mon tour … Que comptes-tu faire pour Ethan ?
- Que veux-tu que je fasse ? C’est mon ami, le seul qui me reste vu que toi tu n’es plus là.
- Fais avancer les choses, je sais très bien que c’est ce que tu attends depuis le premier jour.
- Bref. Pourquoi ne reviens-tu pas parmi nous ?
- J’ai fait un marché, je dois rester ici. Comment c’est … de … vivre sans moi ? »

Sa question m’avait littéralement brisé le cœur. Je me levai pour me diriger vers la fenêtre ne pouvant pas soutenir une seconde de plus, le regard d’Elena sur moi.

« Tu veux vraiment que je réponde à cette question ?
- Oui.
- C’est tout simplement horrible. Horrible de penser chaque matin en me levant que tu ne seras pas là devant la porte du café en attendant que je t’ouvre pour t’installer au chaud. Horrible de ne plus entendre ta voix tous les jours me racontant des histoires à mourir de rire. Tu me manques El, sans toi c’est vraiment difficile d’avancer. C’est comme si j’avais perdu une moitié de moi-même. »

Elena me regarda avant de soupirer doucement.

« Avec qui as-tu passé ce putain de marché ?
- Non Jade, poses moi toutes les questions que tu veux, mais pas celle-là.
- Je m’en doutais … En quoi consiste ce marché ?
- J’ai tout ce que je veux en restant ici, je peux aller où je veux, voir qui je veux. Je peux voir ma mère Jade, tu te rends compte ?
- Mais El, ce n’est pas la réalité tout ça. Ce n’est qu’une illusion. Nous sommes réels, ton père, Joshua, Ethan et moi.
- Tu ne peux pas comprendre …
- Qui te retient ici ?
- Tu connais déjà la réponse. Je suis désolé Jade, je dois y aller. »


J’étais sur le point de lui répondre quand tout à coup…

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Je me suis réveillée. 

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